La promotion de l’accès à l’éducation pour tous est un des défis majeurs du gouvernement burkinabè. Ce défi est d’autant plus essentiel qu’il s’agit de la formation de ceux qui vont construire le Burkina Faso de demain. En outre, la réalisation de ce challenge est un impératif pour notre pays, car l’éducation pour tous est inscrite en bonne place dans les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Mais force est de reconnaître que l’atteinte de ces objectifs ne peut se réaliser uniquement dans le cadre du système éducatif traditionnel. C’est pourquoi, le gouvernement a entrepris de diversifier les cadres d’apprentissage et de diffusion des savoirs. A cet effet, il a été confié au Ministère des transports, des postes et de l’économie numérique, à travers la Direction générale de la coordination des programmes de développement des Technologies de l’information et de la communication (DGCPTIC), d’explorer les possibilités que peuvent offrir les TIC en matière d’éducation, notamment l’accès aux savoirs et à la recherche. Sur ce sujet, notre pays avait déjà flairé l’importance que pourraient avoir les TIC dans la recherche d’un mieux-être pour les populations. Suite à la réforme du secteur des télécommunications en 1998, le Burkina Faso a pris en compte les TIC dans son Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté comme un principe-directeur et transversal. L’ambition de cette cyberstratégie nationale est de permettre aux TIC de contribuer efficacement aux efforts de développement.
Les TIC dans le système éducatif
Le concept « e-éducation » se réfère à l’ensemble des activités du système éducatif et de recherche qui sont effectuées par l’entremise des moyens électroniques. A terme, cette stratégie devrait constituer un rempart à l’insuffisance des salles de classe, en intégrant les Formations ouvertes à distance (FOAD). L’introduction des TIC dans le système éducatif burkinabè a déjà des résultats probants. On peut citer entre autres :
le projet internet Initiative for Africa (IIA), pilotée par la DGCPTIC. C’est l’un des tout premiers projets qui comportait un volet dédié à l’accès des universités et centres de recherche aux TIC. Il a permis la mise en place à Ouagadougou, d’un serveur de messagerie et d’un réseau sans fil sur le campus de l’Université de Ouagadougou (UO) et au Centre national de recherche scientifique et technologique (CNRST), avec des points d’accès dans les Unités de formation et de recherche (UFR) dans les Universités et la direction générale du CNRST. Un réseau similaire a été déployé à Bobo-Dioulasso, en vue de relier la direction régionale de l’Institut de recherche en sciences appliquées et technologies (IRSAT), un des instituts du CNRST, au campus de l’Université polytechnique de Bobo-Dioulasso (UPB), située à Nasso.
Le Projet Réseau africain de formation à distance (RESAFAD). Initialement destiné à l’enseignement de base, ce projet a pris pied au sein de l’Université de Ouagadougou où il va contribuer par la suite, à la mise en place du Diplôme universitaire de communicateur multimédia (DUCOM) comme une initiative commune entre l’Université de Ouagadougou et l’Université du Maine en France.
L’Université virtuelle africaine (UAV). L’objectif principal est d’utiliser les TIC pour apporter aux universités des ressources éducatives de haute qualité à un coût moindre et d’accroître l’accès aux ressources éducatives de la jeunesse africaine. Dans ce sens l’UVA offre des formations aux étudiants.
Le Projet Télé-éducation. L’objectif de ce projet était d’accompagner la déconcentration de l’UO par la création de l’UPB en 1995 qui alors, devait recourir aux enseignants de l’UO pour assurer une bonne partie de ses enseignements. S’appuyant sur l’infrastructure d’interconnexion mise en place par le projet IIA, le projet a procédé à l’acquisition de dispositifs de visioconférence pour permettre la diffusion de cours dispensés à Ouagadougou et suivis par des étudiants de Bobo-Dioulasso et vice versa.
Le site portail des ENEP. Ce site-portail vient en complément des centres de ressources pour répondre aux exigences de l’utilisation des TIC dans le domaine de la formation ouverte à distance et présentielle.
La volonté politique, un atout
L’atout majeur réside dans la volonté politique affirmée par les premiers responsables pour le développement des TIC dans le secteur de l’éducation et de la recherche. Cette volonté s’est traduite par un certain nombre de mesures dont l’une des plus récentes a été l’exonération des taxes sur les équipements informatiques destinés à l’enseignement et à la recherche en 2009 et 2010. En écho à cette volonté politique, il existe un réel engouement des acteurs du secteur, notamment dans le domaine de l’utilisation pédagogique des TIC pour l’éducation. Bon nombre d’acteurs se sont formés, sur une base le plus souvent volontariste, et ont contribué à créer des contenus en rapport avec leur discipline d’enseignement et qui sont accessibles sur la toile mondiale. Le résultat est l’existence d’un noyau d’enseignants bien outillés dans le domaine de l’intégration des TIC dans l’éducation et qui ont produit des ressources pédagogiques de qualité. Au compte des forces, il y a également la familiarisation des acteurs avec un certain nombre d’outils dont ceux de la bureautique, les services Internet de base, les logiciels spécifiques, ainsi que divers outils de gestion. De même, il existe des efforts destinés à assurer une meilleure organisation dans l’exploitation des potentialités des TIC à travers l’élaboration de schémas-directeurs informatiques des ministères en charge de l’éducation, ainsi que l’existence d’une politique et d’un plan de développement des TIC dans les universités et au CNRST. On assiste également, à une offre assez large de formation, tant au niveau de la formation initiale et des spécialisations que de la formation continue. La réussite de la mise en œuvre de la cyberstratégie e-éducation suppose qu’elle soit en adéquation avec la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) qui constitue l’option prioritaire du gouvernement en matière de développement. Cette stratégie va permettre au secteur de l’éducation et de la recherche du Burkina de relever les défis auxquels il est confronté. La voie sera ainsi ouverte vers l’atteinte des objectifs du millénaire en matière d’éducation. A contrario, la non application de cette cyberstratégie sectorielle constituera un frein à l’atteinte des objectifs du millénaire et de la SCADD. De fait, la non mise en œuvre des axes stratégiques de la cyberstratégie e-éducation ne se traduira pas par le statu quo mais plutôt par un retour en arrière du pays, car déjà le 20e siècle faisait de ceux qui ne maîtrisaient pas les TIC, les nouveaux analphabètes.
Des difficultés à surmonter
La cyberstratégie sectorielle e-éducation se positionne comme une opportunité pour le système éducatif. Malheureusement, des faiblesses pourraient rendre difficile la mise en œuvre de cette stratégie. Une volonté politique plus affirmée va permettre un meilleur développement des TIC dans le secteur de l’éducation et de la recherche. Au stade actuel, la prise en compte des besoins de financement dans le domaine est quasi inexistante dans les budgets. Les différentes actions menées sont le plus souvent financées par le biais de la coopération bilatérale et multilatérale. Cela ne garantit pas la pérennité de ces actions. De même, les offres de formation ne sont pas toujours adaptées. A cela, s’ajoute la non prise en compte au niveau institutionnel, de l’acquisition des connaissances et compétences TIC dans la carrière des acteurs du secteur. L’essentiel de la gestion du système se fait encore manuellement, avec toute la lourdeur, ainsi que les risques d’erreur qui caractérisent cet état de fait. Parallèlement, le secteur fait face à une pénurie de spécialistes dans le domaine des TIC. Cela se traduit par le faible pourcentage des établissements disposant d’un réseau informatique doté d’une connexion, acceptable, à Internet. De même, le suivi du matériel devrait être optimisé. Une autre faiblesse est l’absence de services en charge des TIC dans les structures de l’éducation. Aussi, il n’existe pas des curricula officiels pour la formation dans le domaine des TIC.
En dépit de ces difficultés, il existe de réelles chances pour la mise en œuvre réussie de la cyberstratégie sectorielle e-éducation, pour peu qu’une attention soutenue soit observée par le biais de l’appropriation du processus par les premiers bénéficiaires et la prise en compte des actions prévues dans les politiques sectorielles des ministères et structures concernés.
Les TIC constituent un recours et une aubaine pour booster les indicateurs en matière d’éducation dans notre pays. Dans les années à venir, une plus grande prise en compte de ces nouveaux outils et moyens de formation est attendue.
Ministère des transports, des postes et de l’économie numérique